Fondé en 2014, le MAP est un centre de recherches en philosophie politique et sociale de l’Université de Liège. Il fait partie de l’Unité de Recherches Traverses.

Le MAP mène une étude conceptuelle des matérialités de la politique, qui mobilise et interroge l’héritage philosophique de la pensée française et allemande de l’après-guerre, tout en privilégiant les approches transversales et transdisciplinaires — en particulier les croisements avec les sciences humaines, juridiques et sociales.

Fort d’une quinzaine de chercheurs, le MAP est actif aussi bien dans la recherche que dans la formation de 2e et de 3e cycles. Il est soucieux d’articuler la production du savoir universitaire à sa circulation et sa transmission dans la cité, en privilégiant des activités de diffusion des savoirs (ateliers, conférences et tables rondes grand public, …), d’interventions dans l’espace public, et des missions d’expertise.

On distinguera trois traits de méthode communs aux recherches menées au sein du MAP, qui les identifient comme analyses philosophiques des matérialités de la politique :

  1. Rendre la pensée étrangère à elle-même
    L’analyse des matérialités rapporte le discours de la philosophie politique aux situations historiques ainsi qu’aux autres discours dans lesquels il se constitue et dont il est tissé : sociologie, histoire, économie, anthropologie, mais aussi droit, discours politique, militant ou clinique. Dans cette optique, le MAP privilégie le travail en commun avec les spécialistes universitaires d’autres disciplines (en sciences humaines et sociales, mais également en sciences biomédicales), ainsi que la collaboration avec les travailleurs de « terrain » (éducation, santé mentale, médecine du travail ou du sport) et les acteurs mêmes de la politique.
  2. Construire une pensée critique en situation
    L’analyse philosophique des matérialités de la politique renvoie les phénomènes étudiés à leurs conditions socio-historiques d’émergence et d’existence, et tente de discerner les tensions et rapports de forces qui les traversent. Elle contribue par là à l’élaboration d’une critique immanente. Par exemple, face aux manipulations du vivant, le MAP adopte une démarche qui n’est pas celle de la bioéthique mais de la « biopolitique ». Avant de prétendre arbitrer quelque conflit de valeurs, il s’agit d’identifier et de clarifier – si possible dans un dialogue avec les acteurs et usagers concernés – les rapports de force et enjeux politiques impliqués par ces nouvelles techniques biomédicales, mais aussi par la conceptualité et les discours et qui s’élaborent et circulent à leur sujet.
  3. Faire une histoire « problématisante » de la philosophie
    L’analyse des matérialités de la politique s’appuie sur un travail d’histoire de la philosophie, considéré comme un travail de problématisation. Il faut entendre par là à la fois une histoire qui dégage les problèmes en fonction desquels les auteurs « classiques » ont constitué leurs systèmes conceptuels, et une histoire qui fait travailler les systèmes philosophiques du passé dans les questions posées à la pensée et à l’action politique aujourd’hui (l’Etat, la dette, la technique, le ou les capitalismes, la biopolitique, etc.). Les recherches menées au sein du MAP travaillent tout autant à mettre en évidence l’hétéronomie de la pensée philosophique au regard des situations socio-historiques, qu’à interroger l’efficace des catégories et des discours philosophiques dans la définition des problèmes politiques, mais aussi dans l’élaboration et/ou dans la contestation des dispositifs de savoir-pouvoir qui concourent à la formation des subjectivités.

Partagez cette page